La Pride de Budapest aurait pu être légale et sûre. La Commission européenne en a décidé autrement.
En refusant d’agir, la Commission européenne a permis l’interdiction de la Pride et laissé les militant·es seul·es pour défendre les droits fondamentaux.
Déclaration commune de Forbidden Colours, Reclaim EU, ILGA-Europe, EL*C et OII-Europe
En mars 2025, le Parlement hongrois a adopté une loi interdisant explicitement les événements liés à la Pride — une attaque directe contre la liberté de réunion et d’expression. Une loi qui viole clairement les valeurs et le droit de l’Union européenne.
Dans de telles situations, les traités européens donnent à la Commission européenne le mandat, le devoir et les outils pour agir.
Elle aurait dû lancer une nouvelle procédure d’infraction contre la Hongrie pour cette loi, comme elle l’avait fait en 2021 concernant la loi contre la « propagande LGBT ».
Elle aurait dû demander à la Cour de justice de l’UE des mesures provisoires pour suspendre la loi, et permettre ainsi à la Budapest Pride 2025 d’avoir lieu légalement et en toute sécurité.
Elle aurait dû défendre les valeurs et le droit de l’Union — c’est la mission pour laquelle elle a été créée.
Mais la Commission a choisi de ne pas remplir son mandat.
Elle a choisi de ne pas agir. Elle a choisi la complicité.
Ce faisant, la Commission a laissé les organisations hongroises LGBTIQ+ et les défenseur·es des droits humains seules — menant non seulement un combat pour une marche, mais un combat pour des droits fondamentaux.
Ces dernières semaines, nous avons été témoins d’une résilience remarquable de la société civile hongroise. Des militant·es qui, malgré l’abandon de l’institution européenne censée les protéger, ont œuvré sans relâche et avec créativité pour tenter d’organiser la Pride.
Mais la réalité est simple : toute cette situation aurait pu être évitée.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, Hadja Lahbib, commissaire à l’Égalité, et Michael McGrath, commissaire à la Justice, avaient toutes les raisons — et toutes les opportunités — d’agir.
Les organisations de la société civile leur ont réclamé des actions concrètes à de multiples reprises.
Des député·es européen·nes et des groupes politiques les ont exhortés à en faire davantage.
Vingt États membres leur ont demandé d’agir, dans une déclaration du 27 mai 2025.
Et malgré tout cela, ils ont ignoré ces appels.
Ce n’est qu’aujourd’hui, à deux jours de la date prévue de la marche, qu’Ursula von der Leyen a publiquement exprimé son soutien à la Budapest Pride et à la communauté LGBTIQ+.
Si ces mots sont bienvenus, ils ne réparent en rien les dégâts causés par des mois d’inaction de la Commission européenne.
Si elle avait pris la parole il y a trois mois — et accompagné cette prise de position par des mesures juridiques, comme l’exigent les traités européens — la Budapest Pride aurait pu se tenir légalement et en sécurité.
Aujourd’hui, toutes les tentatives des organisateur·ices locaux·ales pour organiser une marche pacifique et légale ont été réprimées et interdites par les autorités hongroises.
Avec le soutien de la municipalité, nous serons à Budapest aux côtés des organisations locales — pour défendre le droit, pour toutes les personnes dans l’UE, de marcher, de protester, de se rassembler, et d’exiger l’égalité dans l’accès aux droits humains.
Nous serons là, car nous refusons de rester silencieux.
Mais nous ne devrions pas avoir à le faire seuls.
Le fait que l’institution même chargée de protéger les droits dans l’UE reste passive alors que ces droits sont attaqués de front devrait inquiéter chaque citoyen·ne européen·ne.
Soyons clairs vis-à-vis de la Commission européenne : si un incident devait survenir — une amende, une arrestation, ou toute forme de répression contre des défenseur·es des droits humains ou des participant·es à la marche du 28 juin à Budapest — la responsabilité vous incombera.
Vous avez choisi de détourner le regard, alors que nous avons, nous, continué de défendre les valeurs européennes.
Mais rien de tout cela n’était inévitable.
Tout cela aurait pu être évité — si vous aviez simplement fait votre travail.